Stéphane Hallaire, Président de Reforest’Action et Paul-Emmanuel Huet, Directeur exécutif de PEFC France, nous apportent leurs éclairages sur les questions de la plantation dans le cadre de la préservation de la forêt française.
Quelle est la mission de Reforest’Action depuis sa création ?
Stéphane H • Reforest’Action a été créée en 2010, avec l’ambition de restaurer les forêts dégradées, et d’en créer de nouvelles. Notre mission est double : agir pour préserver les forêts en France et dans le monde et sensibiliser le grand public grâce à notre modèle unique de plantation participative où chacun peut agir de manière concrète. A travers des appels à projets, nous accompagnons également les entreprises dans leurs initiatives de replantation, en zone tempérée ou en zone tropicale. Depuis notre création, nous avons planté plus de 5 millions d'arbres et réuni plus de 135 000 planteurs !
Paul-Emmanuel H • L’action de Reforest'Action, au profit de zones impactées par des problématiques climatiques ou en difficulté à cause d’une régénération naturelle difficile, permet de conserver puis de reconquérir un couvert forestier. PEFC partage cet enjeu de maintenir le couvert français, et de mobiliser la société autour du reboisement dans les zones qui le requièrent et tout en favorisant la diversité des essences. Nous avons sur ces sujets des dynamiques convergentes dans nos cahiers des charges respectifs.
Les forêts sont au cœur des enjeux climatiques. Comment assurer leur protection et faire face aux bouleversements engendrés par les changements climatiques ?
Stéphane H • A travers nos actions de replantation, nous sommes directement confrontés aux conséquences du changement climatique : tempêtes, maladies, insectes, incendies… Mais aussi aux grandes périodes de sécheresse qui ont un impact considérable sur les jeunes plantations. Nous avons une grande responsabilité : aider la forêt à résister à ces aléas et assurer sa pérennité pour lui permettre de continuer à jouer son rôle de capteur de carbone. En ce sens, le choix des essences est crucial. Nous prenons, par exemple, désormais des chênes sessiles, plus résistants au stress hydrique que les chênes pédonculés. Nous nous interrogeons aussi sur la plantation d’essences plus méridionales, adaptées au réchauffement du climat : notre réflexion s’envisage sur la durée de vie d’un arbre, à 100 ans.
Pour préserver l’avenir des forêts, la certification PEFC est un outil incontournable qui apporte des garanties de pratiques durables. Concrètement, nous sensibilisons les porteurs de projets et le grand public à la gestion durable des forêts, telle que PEFC la défend, à travers l’impact de la replantation sur le paysage ou les projets de régénération naturelle assistée par exemple.
Paul-Emmanuel H • Les forêts sont au cœur des enjeux environnementaux. Évidemment, nous nous posons aujourd’hui une question cruciale : comment assurer leur protection et faire face aux bouleversements engendrés par les changements climatiques ? La certification PEFC favorise le maintien de la multifonctionnalité de la forêt avec un cahier des charges dont les exigences veillent à maintenir un équilibre entre les dimensions environnementales, sociétales et économiques de la forêt. Même si cet équilibre est fragile, il est indispensable pour que les forêts puissent affronter toutes ces menaces auxquelles elles sont de plus en plus confrontées.
Quelle est votre réponse aux critiques sur l'efficacité de la compensation carbone par la plantation d'arbres ?
Stéphane H • La compensation carbone est au cœur de notre action, et heureusement qu’elle existe ! Elle est légitime si elle est associée à un effort de réduction de l’empreinte carbone. C’est vrai pour les entreprises, notamment, qui doivent s’engager de manière globale dans une politique de responsabilité sociale et environnementale.
Paul-Emmanuel H • La plantation, notamment pour restaurer des écosystèmes dégradés, est importante mais ne suffit pas. Les nombreuses entreprises et différents fonds qui investissent dans la replantation massive ont certes un rôle important à jouer et contribuent par leurs actions à ce que la forêt continue d’absorber du CO2 et donc que la forêt continue à jouer son rôle de puits de carbone. Mais ces actions ne doivent pas impliquer par ailleurs des activités qui concourent à la déforestation dans d’autres zones du globe. Ces mêmes entreprises qui financent des actions de plantation doivent s’astreindre parallèlement et s’engager publiquement à limiter fortement leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est qu’en actionnant ces deux leviers qu’on arrivera tous ensemble à la neutralité carbone espérée pour 2050.