Le Groupement forestier (GF) Crozet a été récompensé pour la gestion durable de sa sapinière.
Le premier juillet dernier était décerné au Bessat le premier sylvotrophée organisé par le Parc naturel régional du Pilat. Ce concours forestier visait à mettre en avant des exemples de gestion forestière durable dans des sapinières en futaie irrégulière sur le territoire du Parc.
Chez les Crozet, distingués pour l’occasion à travers leur groupement forestier, la gestion forestière est une affaire qu’on traite en famille. Dans cette fratrie de quatorze enfants, six des sept garçons ont exercé le métier de bûcheron à un moment de leur vie, « et le septième a été menuisier » sourit Dominique Crozet, « l’historien » de ce massif situé sur les hauteurs de Doizieux.
Depuis un ancêtre arrivé au tournant du 18ème siècle pour s’occuper des domaines de riches nobles locaux, cette lignée de forestiers s’attelle à gérer, couper et scier les sapinières de ces zones rocailleuses du Pilat. Si la passion est toujours là, et se transmet aux plus jeunes, les pratiques ont quelque peu évolué au fil des générations. Les documents d’époque témoignent de coupes rases à la Révolution, puis au second empire, des coupes qui étalées sur plusieurs décennies ont favorisé l’installation de scieries dans le hameau des scies qui en a gardé le nom. « Il y’avait jusqu’à sept scieries qui s’étageaient le long du cours d’eau » expliquent Dominique et son frère Antoine qui se rappellent des bœufs qui rentraient au soir avec leur traîne de bois. Exploiter la forêt était un peu l’affaire de tout le monde à l’époque.
Gros bois et diversité
Aujourd’hui c’est Antoine qui veille aux coupes vendues à des exploitants locaux ou à des groupes plus importants et plus lointains, des équipes « qu’il faut surveiller un peu ». Car la famille s’appuie sur quelques principes sylvicoles auxquels elle n’entend pas déroger. Ici on laisse grossir les bois, jusqu’à 10m3 pour les douglas - avec une pointe à 21m3 – et si on a replanté les dégâts 1999 avec le pin miraculeux, c’est toujours le sapin blanc qui reste l’essence objectif sur ces sols caillouteux.
Un petit tour sur la parcelle primée par le sylvotrophée suffit pour s’en convaincre. Les fûts élancés des vieux sapins disputent la place aux généreuses tâches de régénération. Çà et là, un fayard ou des sorbiers égayent de leur feuillage d’automne la matinée brumeuse. « Notre père n’aurait jamais laissé ça, confie Antoine en désignant les feuillus. On a pris conscience grâce à PEFC de laisser les bois morts, idem pour les feuillus. » Des douglas de belle venue, les bouleaux et les mousses abondantes, les genêts complètent le tableau floristique de la parcelle.
La présence importante d’oiseaux, dont les chants envahissent la forêt comme rarement, semble donner raison à cette sylviculture dans laquelle toutes les classes d’arbres se mêlent, y compris les bois morts. La certification PEFC dès lors « paraissait naturelle, poursuivent les frères, notre mode de gestion respectait déjà PEFC. » D’autant plus quand biodiversité rime avec bois de qualité comme en témoignent les grumes de sapins, au belles cernes régulières qui attendent sur la place de dépôt du hameau qu’on veuille bien venir les scier.